Nourriture : quand les nouveaux goûts sont source d’angoisse

Par Mustapha Azzouz | Mis à jour le 30/09/2022 à 15:11
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Dès l’âge de 4 ou 5 mois, les enfants commencent à explorer la nourriture solide. La diversification alimentaire dure plusieurs mois mais, parfois, les bouts de chou refusent de découvrir de nouveaux goûts. Loin d’être un caprice, ce refus est appelé « néophobie alimentaire ». Découvrez comment la détecter chez votre enfant et l’accompagner.

C’est quoi la néophobie alimentaire ?

Le mot « néophobie » est une contraction de « nouveau » (néo) et « peur » (phobie). Appliquée à l’alimentation, cela décrit le refus de découvrir de nouveaux goûts. Chez les enfants, cela correspond également à une phase bien particulière de leur développement psychologique. La néophobie alimentaire apparaît entre 18 et 24 mois, l’âge où l’enfant entre dans la phase du « non ». Il se familiarise avec la notion de limites et apprend à les tester. Les refus se font de plus en plus nombreux et interviennent logiquement au moment des repas.

Les nouveaux aliments sont sa cible préférée, mais il arrive également que l’enfant refuse des mets qu’il aimait jusqu’ici. Cette opposition aux parents dure généralement jusqu’à 6 ans. Toutefois des enfants plus âgés, mais aussi des adultes, peuvent souffrir de néophobie alimentaire.

Néophobie alimentaire : les facteurs aggravants

Chez l’enfant, les légumes sont les premières victimes de la néophobie alimentaire. Leurs couleurs, mais aussi certaines odeurs, peuvent perturber l’enfant. Si, vous avez vous aussi un problème avec ces aliments, cela peut très vite se transmettre à votre petit. Même si les rituels sont importants, avoir un cadre trop rigide pour le repas peut également favoriser la néophobie alimentaire. Le repas doit être associé à un moment de plaisir. Si votre enfant préfère goûter pour la première fois aux brocolis en les mangeant avec ses doigts et non avec sa fourchette, laissez-le faire.

Enfin, les troubles de l’oralité peuvent également favoriser la néophobie alimentaire. Même à 18 mois, un enfant peut avoir des difficultés de succion ou de mastication. L’allaitement et le biberon permettent généralement de détecter ces troubles. Le passage à la cuillère est un autre moment à surveiller. Il arrive toutefois que ces difficultés ne soient pas diagnostiquées et se manifestent à nouveau sous forme de néophobie alimentaire. L’enfant ne refuse pas l’aliment en lui-même, mais les difficultés qu’il pourrait rencontrer en le mangeant.

Comment détecter la néophobie alimentaire ?

L’avantage de la néophobie alimentaire est qu’elle est très simple à diagnostiquer. En effet, l’enfant va tout bonnement refuser de manger les nouveautés proposées. Il pourra aussi opérer une sélection en fonction des textures (dire non aux morceaux), des parfums, voire des couleurs. Inutile de goûter, il affirme qu’il n’aime pas. Il ne mange alors que les aliments à son goût et vous laisse une assiette encore presque pleine. Un constat frustrant engendrant du gâchis et une perte d’argent. C’est à ce moment-là que des tensions apparaissent. Cris et pleurs ponctuent les repas renforçant le stress entourant déjà les temps dédiés à l’alimentation.  

Bon à savoir : la néophobie alimentaire chez l’enfant, rien d’inquiétant

77 % des enfants de 2 à 6 ans sont touchés par la néophobie alimentaire. Elle ne touche qu’une poignée d’aliments, elle ne peut donc pas influencer l’équilibre alimentaire de votre enfant. Tant qu’il continue à manger et a une courbe de poids stable, vous n’avez aucune inquiétude à avoir.

Comment gérer la néophobie alimentaire ?

La néophobie alimentaire peut être très mal vécue par les parents. Les punitions ou le chantage sont bien souvent les conséquences immédiates lors des moments de tension. Pourtant, il est préférable de les éviter. Pour lutter contre la néophobie alimentaire chez l’enfant vous pouvez :

L’éduquer à la nourriture

C’est en apprenant à connaître les aliments que votre enfant les appréciera. Dès son plus jeune âge, emmenez-le sur le marché pour apprendre à distinguer les légumes, les voir dans leur état naturel. Si vous avez un potager ou une cueillette près de chez vous, faites-lui cueillir les légumes. Montrez-lui ensuite comment les nettoyer et cuisinez avec lui. En découvrant les aliments crus, puis en voyant les différentes étapes de préparation, il sera plus rassuré lorsque vous lui présenterez son assiette. Il n’y a plus rien de nouveau dans une ratatouille lorsque vous avez vous-même récolté et cuisiné les légumes.

Ne pas le forcer

Exiger que votre enfant finisse son assiette la première fois que vous lui présentez de la mangue sera contre-productif. Demandez-lui plutôt de goûter un petit morceau et, si cela ne lui plait pas, laissez-le digérer cette nouveauté.

Être persévérant

Goûter un petit bout de mangue une fois ne suffira pas à vous débarrasser de la phobie alimentaire. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), un enfant ne pourra vraiment dire s’il aime un aliment ou pas qu’après 8 tentatives. Demandez-lui à chaque fois de manger une part un peu plus importante que la dernière fois. Essayez également de varier les formes et les textures pour débloquer la situation. S’il aime, il ne tardera pas à tout finir.

Le laisser explorer la nourriture

Pour se familiariser avec ses nouveaux plats, votre enfant peut avoir besoin d’utiliser ses mains. Laissez-le sentir son assiette ou écraser ses aliments avec les doigts avant de les porter à la bouche. 

Lui montrer l’exemple

Si vous souhaitez encourager votre enfant à découvrir de nouveaux goûts, montrez-lui comment faire. L’imitation est un formidable outil d’apprentissage pour les petits. Restez à ses côtés lors des moments de découverte et mangez la même chose que lui. N’hésitez pas à mettre les frères et sœurs à contribution.

Dédramatisez

Les repas cristallisent beaucoup d’inquiétudes. Pourtant, plus les parents sont détendus, plus il est simple pour un enfant d’apprécier les nouveautés. Apprenez à lâcher prise, l’assiette ne doit pas être un enjeu, mais un plaisir. Si votre enfant ne mange pas son déjeuner ou une partie de son dîner, il n’y a rien de dramatique. 

La néophobie alimentaire chez l’enfant peut créer des tensions au moment des repas. Cette phase du refus systématique est pourtant très commune et ne doit pas inquiéter les parents. De 18 mois à 6 ans, votre enfant teste les limites et cela s’applique également à la nourriture. Apprenez à envisager chaque découverte culinaire comme un moment de plaisir. Cuisinez avec vos enfants, rusez sur les textures ou les présentations et toute la famille retrouvera le sourire à table.

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