Le doggy bag : une solution obligatoire contre le gaspillage alimentaire ?
Et si on arrêtait de gaspiller à tort et à travers la nourriture ? Il semblerait que beaucoup aient oublié que des millions de personnes dans le monde meurent de faim et que notre planète n’est pas éternelle... C’est face à cette détresse du monde et de la Terre que le « doggy bag » est né.
Disons stop au gaspillage alimentaire !
Attention, on vous arrête tout de suite, il ne s’agit ni d’un « sac à toutou » comme sa traduction française pourrait le laisser croire, ni du dernier surnom du rappeur Snoop Dogg. Le doggy bag n’est ni plus ni moins qu’un « sac à restes » qui a vu le jour dans les années 1950 et a été institutionnalisé aux États-Unis dans les années 1970.
Il faut savoir qu’en 2018, les Français ont pris 1 repas sur 7 à l’extérieur. Autrefois casaniers, les Français semblent de plus en plus apprécier petits déjeuners, déjeuners et dîners au restaurant. En 2017, ce sont ainsi 10 milliards de repas qui ont été pris à l’extérieur. Revers de la médaille, ce sont 21 kg de nourriture par Français qui sont perdus ou jetés dans la restauration collective commerciale chaque année. Utiliser un doggy bag permettrait de diminuer ce gâchis alimentaire.
Si cette « avancée » dans le monde culinaire n’est pas nouvelle (elle a tout de même plus de 40 ans !), pourquoi la France est-elle une fois de plus à la traîne ? Pour comprendre d’où vient le blocage, nous avons enquêté du côté des restaurateurs, mais également des consommateurs.
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Doggy bag : ce qu’en disent les restaurateurs
Les restaurateurs clament haut et fort qu’ils sont pour la limitation du gaspillage alimentaire, mais alors que pensent-ils du doggy bag ? Est-ce une option disponible dans les restaurants ? Pour se faire une idée, nous sommes allés sur le terrain interroger plusieurs d’entre eux.
Il ressort de ces interviews que 8 restaurants sur 10 acceptent de faire un doggy bag à leurs clients si ces derniers le demandent. Toutefois, rares sont ceux qui proposent spontanément le doggy bag aux clients qui n’ont pas terminé leur assiette, exception faite des 3 restaurants asiatiques (situés à Lille) qui tendent un « sac à restes » à tous leurs clients, sans même que ceux-ci n’aient besoin de le demander.
Pourtant, (quasiment) aucun des restaurateurs interrogés n’est contre le fait que leurs clients repartent avec leurs restes. Alors pourquoi ne pas afficher clairement la possibilité d’emporter un doggy bag ? À cette question, ils sont nombreux à ne pas le faire par omission : « Je n’y ai jamais vraiment pensé, mais pourquoi pas ? ». Chez certains, le problème du coût supplémentaire pour se fournir en « lunch box » se pose : « Qui est-ce qui va financer les contenants ? ».
Alors, si ces derniers sont à 100 % pour le fait que leurs clients emportent leurs restes, aucun contenant spécifique n’est à l’ordre du jour : « Une petite boîte ou un sachet plastique suffira, non ? ». Forcément, c’est tout de suite moins sexy de transporter son reste de poulet dans un sachet plastique dans les rues.
La question qui se pose est simple : est-il plus judicieux de mettre un peu d’argent dans la mise en place de doggy bag (sachant qu’il est toujours possible de se faire sponsoriser par une grande marque, il suffit de savoir vers qui se tourner) ou de jeter plusieurs centaines de kilogrammes de nourriture chaque jour ?
Bon à savoir : le doggy bag « obligatoire » en 2021
Les restaurateurs peuvent traîner des pieds, la Loi Alimentation de 2018 finira par leur imposer le doggy bag ! En effet, à compter du 1er juillet 2021, tous les établissements proposant une consommation sur place devront avoir sous les mains des contenants adaptés pour que leurs clients puissent rapporter leurs restes (nourriture et boissons). Toutefois, il incombera toujours aux clients de réclamer ce fameux doggy bag, le restaurateur ne sera en effet pas tenu de le proposer.
Le gaspillage alimentaire représenterait 40% de la production mondiale.
Et du côté des consommateurs ?
Du côté des plus intéressés, à savoir vous, chers consommateurs, notre sondage vous a animé et vous avez été plus de 2 800 à y répondre. Ainsi, vous êtes 71 % à revendiquer le doggy bag comme « un droit du consommateur ». Chris271 en fait partie : « Je suis pour, c’est payé, donc je ne me gêne pas ». Lorsque l’on paye, emporter ses restes n’est-il pas un droit légitime ? Nous sommes nombreux à penser la même chose.
Pour vous, le doggy bag serait utile dans plusieurs cas et principalement en cas de petites faims et lorsque vos enfants ne finissent pas leur assiette trop chargée.
Attention, n’oublions pas qu’il y a tout de même 29 % des sondés qui n’osent pas demander la possibilité d’emporter leurs restes. La gêne est la raison la plus fréquemment évoquée pour expliquer qu’on ne demande pas un doggy bag. Peur du regard des autres clients, pas envie de passer pour un « radin », ou gêne provoquée par l’appellation elle-même qui peut être dégradante (« sac à chien ») : le doggy bag a encore du chemin à faire pour devenir une habitude française.
Tout cela fait que, bien souvent, les Français préfèrent manger au-delà de leur faim. Eh oui, si le doggy bag nous fait peur, nous n’aimons pas gâcher pour autant, surtout lorsque l’on dépense une certaine somme pour aller au restaurant ! Or, on ne cesse de le répéter : être économe (et écolo par la même occasion) ce n’est pas être « proche de son argent », mais plutôt être prévoyant.
N’est-ce pas plutôt une attitude intelligente, en cette période de hausse des prix constante ? Afin d’allier économies et écologie, de nombreux packs et boîtes éco-responsables ont été créés. Une fois les restes du doggy bag consommés, les contenants peuvent passer au recyclage.
Bon à savoir : le gaspillage c’est souvent à la maison !
Repartir du restaurant avec son doggy bag pour éviter le gaspillage c’est bien, mais il faut également être vigilant à la maison ! En effet, on estime que, chaque année, un Français jette en moyenne 29 kg de nourriture. Si les restaurants doivent changer leurs habitudes, nous avons nous aussi du chemin à faire...
Face aux résultats des différentes enquêtes qui ont été menées au sujet du doggy bag, on observe donc que les consommateurs sont plutôt pour et que les restaurateurs n’ont rien contre. Depuis le 1er janvier 2016, les établissements produisant plus de 10 tonnes de biodéchets par an sont tenus de les trier et de les valoriser. Dès lors, le doggy bag s’impose comme une solution facile à mettre en place pour respecter la loi et éviter de lourdes amendes. Si votre restaurant préféré ne vous propose pas encore de repartir avec vos restes, n’hésitez pas à lui en parler afin de le sensibiliser à ce geste écolo et économe.