Qui sont les nouveaux Radins ?
“Les radins modernes sont devenus des gens qui savent gérer leur argent et profiter des bonnes occasions.” Alain Rey, observateur de l'évolution de la langue française et directeur des Éditions Le Petit Robert.
Et il ne s'est pas trompé ! Les radins ont évolué grâce aux nouvelles technologies. Jetant désormais leur dévolu sur Internet. Nous avons voulu savoir qui sont ces nouveaux radins. Leur nouveau visage, leur nouvelle image. Leurs différentes facettes. Quels partenaires de vie et amis sont-ils ?
Le radin économe
Un Français sur deux (51%) a déjà fait l’objet d’une remarque suggérant qu’il était très prèsde ses sous, pour ne pas dire radin. Les hommes étant visés plus que les femmes (56% vs47%). Les 25-34 ans (61%) plus que leurs aînés. Les personnes issues des catégories populaires plus que celles supérieures (60% vs 44%)
Mais si la radinerie était hier un attribut non avouable, aujourd’hui ce n’est plus le cas ! Car 70% des personnes concernées assument tout à fait ce penchant. D’autant plus celles seconsidérant comme très économes, qui sont 71% à avoireu droit à une remarque de ce genre dans leur vie. 90% d’entre elles l’assument très bien.
Et pour cause, la facette économe du radin est adoptée par la grande majorité des Français. En effet, 83% en moyenne se disent “économes”. Et ce autant chez les femmes que les hommes. Ce sont les classes populaires, qui, certainement par contraintes, le sont plus queles autres (89%).
Aussi, plus de troisquarts des Français en moyenne (78%) recherchent les “bonnes affaires”. 82% des jeunes de moins de 25 ans et des femmes (contre 73% des hommes).
Il y a radins et radin
Il y a des radineries qui en réalité, n’en sont pas. 60% des Français ne considèrent pas que repartir chez soi avec les restes d’un repas après un dîner au restaurant soit une radinerie de la part de leurs amis. Parce qu’ils supposent que cela relève plus d’un non-gaspillage alimentaire ?
Ils sont plus nombreux encore à penser (66%) que ce n’est pas être radin lorsqu’un ami limite sa consommation d’eau, d’électricité ou de chauffage pour ne pas augmenter ses charges. Notons toutefois qu’il reste encore 33% qui puissent penser que les raisons ne soient pas seulement écologiques ou financières.
Il y a aussi les radineries qui en sont mais pour lesquelles on ne tient pas rigueur au radin. Si 67% qualifient de radins ceux qui viennent à un dîner ou à̀ une soirée les mains vides, ça ne rend pas ces radins infréquentables pour autant pour 3/4 de ces Français. Idem ceux qui rappellent aux autres qu’ils leur doivent de l’argent ou que c’est à leur tour de payer une tournée. 41% ne considèrent pas qu’il s’agisse d’un motif de rejet. Peut-être parce que les bons comptes font les bons amis ? Quoiqu’il en soit, pour le tiers restant cela semble être un motif d’exclusion de leur réseau d’amis. Parce que ça ne se dit pas ? Parce que ce serait humiliant ? Il y a encore, sans que ça ne suscite un rejet majeur, l’ami qui demande toujours une cigarette aux autres en prétendant chaque fois ne pas en avoir sur lui (77%). Ou celui qui oublie ses moyens de paiement au moment de régler sa part de dépense collective (75%).
Ou encore celui qui ne souhaite pas participer à un cadeau commun lors d’un anniversaire alors quele cadeau est donné en son nom également (72%). Ou enfin celui qui n’a jamais invité quelqu’un à dîner chez lui alors qu’il a déjà été invité pourtant plusieurs fois (70%).
Et pour finir, il y a les radineries qui exaspèrent et qui suscitent le rejet.
S’arranger pour ne pas être présent au moment de payer l’addition pour un repas ou une tournée dans un bar détient, pour les Français, le pompon des radineries (85%). Mais dans sa facette la plus détestable et rédhibitoire. Car pour 55% d’entre eux c’est un comportement qui rend ces amis radins infréquentables.
Le partenaire radin idéal
Les Françaises et les Français, étant eux-mêmes économes à 83 %, souhaitent de leurs futurs conjoints qu’ils recherchent eux aussi des bonnes affaires sur Internet (81%). Et qu’ils attendent les promotions ou les soldes pour faire le gros des achats de vêtements notamment (75%). C’est d’ailleurs plus marqué chez celles et ceux qui ont une vie sexuelle satisfaisante (81% contre 72% de celles et ceux insatisfaits de leur vie sexuelle). Érotisation du moment où on va pouvoir se faire plaisir ?
Mais il est des radines et des radins qui ne sont pas sexy si on puit dire. Passant sous la barre de 50%. Ce sont celles ou ceux qui choisissent “en priorité” les restaurants qui offrent des réductions, comme lafourchette.com (44%). D’ailleurs on n’est moins tolérant à cette pratique en zone rurale (36%) qu’en Région parisienne (48%).
Mais il y a pire. Il s’agit de celles ou ceux qui ne donnent pas de pourboire, serait-ce symbolique, au serveur du restaurant (38%).Il n’y a que les Corses qui se différencient en l’occurrence en étant 58 % dans leur ensemble à apprécier que leur conjoint potentiel ne soit pas une personne qui donne un pourboire. Une pratique qui n’étant peut-être pas courante sur l’île de beauté ?
Les femmes sont celles qui apprécient le moins que leur partenaire ne laisse pas un pourboire aux serveurs (33% vs 42% pour les hommes).
Ce que le radin n’est pas
Difficile donc de définir le radin. Car le radin a de multiples facettes. Celui économe notamment qu’on aime bien. Et celui qu’on apprécie moins voire pas du tout quand son économie se fait sur le dos des amis. Aussi pour définir les autres facettes du radin, les Français jugent par défaut. Le radin ce n’est pas une personne qui recherche “constamment” les bons plans (54%). Le terme “constamment” suggérant que cela pourrait être obsessionnel. Il ne se situe pas dans les pôles opposés du comportement d’achat. Car il n’est pour 63% niquel qu’un qui fait des économies (dans l’objectif de constituer une épargne). Ni quelqu’un qui fait des achats compulsifs (65%).
57% des Français pensent que ce n’est pas non plus pour éviter de se faire avoir qu’on estradin. Dans le sens où il y aurait une tendance paranoïaque sous-jacente. Et ce n’est même pas parce qu’on est radin qu’on consomme forcément intelligemment (68%).
Dans l’imaginaire des Français, les nouveaux radins ne semblent pas ou plus être des grippe-sous, des oncles Picsou ou des Arpagon.
Le radin Malin
Dans l’imaginaire des Français, les nouveaux radins ne semblent pas ou plus être des grippe-sous, des oncles Picsou ou des Arpagon. Le radin malin dans l’ensemble et de manière assez homogène, 83% des Français profite des bons plans / bons de réduction / achats groupés. 81% cherchent de bonnes astuces pour voyagermoins cher. Et autant attendent les soldes pour faire des achats personnels ou pour faire des cadeaux. 78% recherchent desactivités gratuites ou à̀ tarif réduit, du genre accès libre aux musées, expositions, réductions cinéma.
On retrouvera néanmoins des différences notables en fonction qu’on appartienne à une classeaisée ou pauvre. Qu’on ait moins de 35 ans, indépendamment du pouvoir d’achat.
Aussi, si 57% des Français sont prêts à récupérer les invendus ou produits dont la date de péremption est dépassée (mais toujours consommables), cette pratique est moins attirante pour les plus aisés (42%) que les plus pauvres (65%). Idem pour ce qui est de télécharger une application compilant les codes promos, 49% enmoyenne, 57% chez les plus pauvres contre 34% chez les plus aisés. Différence sensible également sur ce comportement d’achat chez les personnes de moins de 35 ans qui sont 62%. Alors que les aînés sont 44%. Petite curiosité notable. Celles et ceux qui ont une vie sexuelle satisfaisante téléchargent plus les applis que ceux dont la vie sexuelle n’est pas satisfaisante (53% vs 46%). L’achat ayant dans le cadre d’une appli un attrait ludique ?
Premier rencard avec un radin
33% des Français dans leur ensemble ne prennent pas en charge la note dès le premier rencard. Les femmes moins que les hommes (26% vs 39%). Si on peut voir dans cet écart une possible raison liée à la galanterie, elle semble s’estomper de nos jours. Puisque les jeunes de moins de 35 ans sont 47% à ne pas prendre la note en charge dès le premier rencard. Aussi, serait-ce plus tributaire des moyens financiers. Cela se confirme chez les personnes aisées qui sont 42% à prendre en charge la note au premier rencard. Contre 28% chez celles issues des classes pauvres. Il en est de même chez les couples dont l’un gagne plus que l’autre (41% vs 23%).
Néanmoins, dans les communes rurales, cette pratique reste plus répandue qu’en région parisienne (41% vs 26%). Question d’éducation ou la crainte d’une image péjorative persistante du radin ? Cela pourrait être l’explication lorsque l’on voit que ce sont dans ces contrées qu’on télécharge le moins une appli promos (45% vs 51% en région parisienne).
Alors les nouveaux radins ? Vous en êtes ?
Vous pouvez consulter via ce lien l’intégralité de notre enquête réalisée par l’Ifop
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par questionnaire auto-administré en ligne du 31 Mai au 3 Juin 2019. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.