Le Freeganisme : une consommation différente et gratuite

Par Anne-Sophie O | Mis à jour le 18/05/2021 à 16:15
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Nos villes regorgent d'arbres, de plantes, de champignons comestibles mais aussi de poubelles dont les aliments jetés, sont tout à fait comestibles. Réduire le gaspillage et la pollution générée par les déchets, inciter à manger local, à partager et à limiter ses dépenses relèvent du bon sens ; mais notre société d'hyperconsommation a tendance à nous le faire oublier.

Le Freeganisme, qu'est-ce que c'est ?

La démarche du « freeganisme » ou « gratuivorisme » prône un mode alternatif de consommation qui tend vers la gratuité. Cela passe par l’alimentation, l’habillement, les objets que les citoyens jettent, une réduction de l’utilisation de la voiture, la réhabilitation des logements non utilisés, etc. Plus globalement, les « freegans » rejettent l’économie conventionnelle et donc la consommation de masse, et veulent retrouver dans leur communauté, un retour à la générosité, à la liberté, à la solidarité et au partage, rejetant ainsi la société matérialiste, la concurrence et la conformité. Pour mener à bien leurs actions, ils utilisent des stratégies que nous connaissons bien : la réduction du gaspillage, la récupération des déchets, le transport éco-amical, le logement loyer-libre et le « travailler moins ».

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La récupération des déchets

L’action appelée la « plongée de décharge » est la technique la plus utilisée et la plus vue. Elle consiste à fouiller les ordures des détaillants, des résidences, des bureaux. En dépit des préjugés concernant les ordures, les marchandises récupérées sont nettoyées, en parfait état et donc utilisables. On parle là de denrées alimentaires, de livres, de journaux, de vaisselle, d’appareils électriques ou non, de meubles, de jouets, de bicyclettes, etc.

Le syndrome de la culture « jetable » qui encourage les citoyens à remplacer constamment leurs appareils alors qu’ils fonctionnent encore, va à l’encontre des actions des Freegans voulant réduire le consumérisme à outrance et la production de masse.

Ainsi, une fois les objets récoltés, les freegans organisent eux-mêmes des rencontres nommées « Freemeets » durant lesquelles les gens apportent des objets dont ils veulent se séparer et repartent avec d’autres sans aucune monnaie d’échange (du troc en d’autres termes).D’autres acteurs encouragent le recyclage, notamment Freecyle, sans pour autant être défini de Freegan.

Restaurant Freegan avec les invendus de RungisFort de ce constat, le Freegan Pony, qui a ouvert le 21 mars 2014 à Paris, a pour objectif de cuisiner des plats à partir de fruits et légumes « jugés non comestibles par les grandes surfaces alimentaires » qui ont donc été jetés à la poubelle. Ils récupèrent ainsi, à la fin du marché de Rungis, les produits de nombreux étalages. Et rien n’est à craindre concernant la fraîcheur, les plats sont cuisinés le jour même ! Le prix du repas est fixé à 5 € et chacun est libre d’ajouter une participation supplémentaire s’il le souhaite. En plus, chacun peut repartir gratuitement avec des fruits et légumes. 

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Le transport éco-amical

Conscient de l’impact écologique que provoque la pollution, les Freegans n’utilisent pas les voitures pour la plupart ; cependant, lorsqu’ils le font, ce sont des méthodes plus respectueuses de l’environnement qui sont utilisées. Ainsi, l’utilisation de l’huile végétale récupérée dans les restaurants, remplace le gasoil utilisé habituellement dans les réservoirs des véhicules afin de limiter les pertes et d’être autonome à l’égard des combustibles fossiles.

Sinon, l’auto-stop, le covoiturage, la marche, le vélo ou même le roller remplacent tout simplement la voiture. Finalement, l’auto-stop reste un moyen pertinent dont l’objectif est d’utiliser une place disponible, n’ajoutant aucun surcoût de consommation de carburant. Vous pouvez également opter pour le covoiturage pour vous rendre au travail ou en vacances. 

Le logement est un dû

Dans la même lignée, les Freegans pensent que « le logement est un dû, pas un privilège », que la propriété privée est une notion abstraite moins importante que les besoins humains réels. Aujourd’hui, beaucoup de logements sont inoccupés, on dénombre 2,4 millions de logements vacants en France selon BFMTV ; ce qui est inacceptable étant donné les 3,5 millions de mal-logés. Par soucis de rentabilité, de fiscalité, d’héritage, de difficultés à vendre ou à faire des travaux, tant de raisons peuvent être données pour expliquer ces chiffres éloquents. C’est pourquoi les Freegans occupent ces lieux et les remettent en état pour les centres sociaux par exemple, ou pour les réunions des organismes de la communauté.

Le travail, un sacrifice à la liberté

Dans un concept toujours plus marginal, le travail est considéré comme un sacrifice à la liberté, dictée par un autre individu. Ils parlent d’efforts, d’ennui, de monotonie qui sont des risques au bien-être physique et psychologique. La majorité d’entre eux veulent « reprendre leur vie en main » en réduisant leurs besoins dans le but de l’améliorer ; pour eux, le chômage est donc volontaire.

C’est dans un paysage de brique et de béton que les endroits de la communauté, fournis par une multitude d’usines et de bâtiments désaffectés, leur permettent de se rassembler, d’échanger et de partager entre eux.

Ils prônent finalement un monde moins égoïste, plus vigilant sur nos ressources qui s’épuisent et qui sont utilisées à tout-va, favorisant un esprit communautaire basé sur des valeurs simples repoussant la consommation à outrance. Ils ont, en effet, une réaction très forte face à la réalité que beaucoup d’individus ne veulent pas voir ; néanmoins, de nombreuses actions individuelles sont déjà menées par bon nombre de citoyens qui ne sont pas Freegans mais qui ont des valeurs communes permettant de faire bouger les choses à leur niveau. 

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